No Land’s song: le chant comme arme

Camille Choteau | à 19h05 - Mis à jour le mar. 26 avril 2022 à 19h51

No Land’s song: le chant comme arme

Sensibilisé grâce à sa soeur Sara aux difficultés des femmes à s’exprimer par la musique en Iran, Ayat Najafi a décidé de la filmer alors qu’elle organisait un concert de femmes à Téhéran. En résulte un documentaire fort sur la censure quotidienne.

Il aura fallu deux ans pour que son projet aboutisse. Et Sara Najafi ne s’est jamais découragée. Même quand, deux jours avant son grand concert, le ministère de la Guidance islamique la convoque et lui apprend que l’événement va être annulé. La raison invoquée? Un post Facebook de l’une des artistes invitées, Emel Mathlouthi, faisant la promotion d’un événement “unique” où des femmes vont pouvoir chanter sur scène.

Il faut dire que depuis 1979 et la Révolution islamique, aucune femme n’est autorisée à se produire en solo. Elles doivent être accompagnées par des hommes, en choeur, et leurs voix ne doit pas être mises en valeur. Pour Sara, cette situation n’est plus acceptable: “Nous nous plions à leurs exigences, portons le hijab, le tablier, qu’au moins ils nous laissent chanter!”

C’est pour cela que cette compositrice et pianiste de 36 ans, première femme à avoir obtenu le diplôme de composition en Iran, a décidé de convier des artistes françaises, Jeanne Cherhal, Elise Caron, et une Tunisienne, donc, Emel Mathlouti, à l’accompagner dans son projet fou. Avec elle: Edward Perraud, batteur de jazz, Seb Hoog, le guitariste de Jeanne Cherhal et Imed Alibi, son percussionniste.

On suit tout ce petit monde à travers la quête de visas, refusés, puis obtenus, la préparation des répétitions, les débats sur la conduite à adopter, le message à véhiculer, l’officialisation ou non du projet… On découvre un pays où les femmes sont censurées au quotidien, victimes d’une défiance systématique. On assiste aux réactions perplexes des artistes étrangères, confrontées à ce choc des cultures. Un documentaire édifiant. A ne pas manquer pour que ce concert ne reste pas “une goutte d’eau dans l’océan” comme s’en inquiétait l’une des protagonistes.

>No land's song, de Ayat Najafi, avec Sara Najafi, Elise Caron, Jeanne Cherhal. 1h31

A propos de


gal

Frédéric Beigbeder : “Le jour où je me suis retrouvé entre la vie et la mort à cause de la drogue”

Autour de Jeanne Cherhal