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DÉCRYPTAGE – De John Travolta à Sheila, comment ils ont surmonté la perte d'un enfant

Léa Cardinal | à 11h03 - Mis à jour le jeu. 18 avril 2024 à 10h44

DÉCRYPTAGE – De John Travolta à Sheila, comment ils ont surmonté la perte d'un enfant

Ce dimanche 14 avril, John Travolta a rendu un nouvel hommage à son fils décédé, à l'occasion de son 32ème anniversaire. Comme lui, d'autres personnalités ont dû survivre à la mort de leur progéniture. Après ce deuil, considéré comme "le plus difficile", ces stars n'ont eu d'autre choix que d'avancer. Mais comme nous l'explique Jérôme Palazzolo, médecin psychiatre, cette reconstruction peut prendre du temps.

"Il ne se passe pas un jour sans que tu sois avec moi." Ces mots, ce sont ceux que John Travolta a adressés à son fils Jett, à l'occasion de son anniversaire. Atteint de la maladie de Kawasaki (une inflammation des vaisseaux sanguins, ndlr), le fils aîné de l'acteur est mort le 3 janvier 2009, après avoir fait une crise cardiaque. La star de Pulp Fiction n'est pas la seule à mettre régulièrement à l'honneur son enfant décédé. Chaque année, Ingrid Chauvin ne manque pas de rendre hommage à sa fille Jade, décédée des suites d'une malformation cardiaque en mars 2014, cinq mois seulement après sa naissance. Pour Jérôme Palazzolo, médecin psychiatre libéral exerçant à Nice, célébrer ainsi son enfant est important "parce que ça fait partie du processus de deuil". "Comme un enterrement ou un mariage, le fait de marquer l'instant est important", nous explique-t-il.

Si honorer la mémoire de sa progéniture peut "aider à faire son deuil", le fait d'en faire un événement, qui plus est public, peut toutefois interroger. "On peut se poser la question de savoir s'il n’y a pas une dynamique un peu morbide de fêter chaque année la date anniversaire du décès de l'enfant, même si ça nous vient en tête, mais de là à en faire un événement chaque année, ça peut poser question", analyse Jérôme Palazzolo, qui précise qu'aucun parent n'est jamais vraiment préparé à perdre son enfant.

>> PHOTOS - Ces célébrités qui ont vécu la perte d'un enfant

"Le deuil d'un enfant est quasiment impossible à faire"

Lorsqu'elle perd sa fille aînée Kate Barry en 2013, Jane Birkin voit son monde s'effondrer. Plus tard, dans les colonnes de Soir Mag, l'ex de Serge Gainsbourg se confie sur la culpabilité ressentie à la suite de ce drame : "Quand le drame arrive, c'est la dernière chose que vous avez imaginée. Vous n'avez pas pu empêcher la chute et c'est le cauchemar de tous les parents", lâche-t-elle, précisant qu'elle aurait préféré "mourir la première". Un sentiment naturel pour Jérôme Palazzolo : "C'est tout à fait normal. En tant que parent, on se prépare à partir avant ses enfants, on prépare les choses pour eux, éventuellement on prépare l'héritage. C’est incompréhensible quelque part." À cela vient souvent s'ajouter "un sentiment de culpabilité" de la part des parents.

Si chaque deuil est une épreuve, la perte d'un enfant est sans doute la plus terrible. "Non seulement, c'est le plus dur et le plus douloureux, mais j'aurais tendance à dire que c'est quasiment un deuil impossible. On n'est pas programmé pour ça. C'est quasiment impossible à faire", confie celui qui est aussi professeur de psychologie de la santé. Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2017, Sheila est à son tour confrontée à la mort de son fils Ludovic Chancel, décédé des suites d'une overdose médicamenteuse. "Il a eu une vie qui n’est évidemment pas celle que j’aurais choisie pour lui. Après, sa route c’est sa route, elle a évidemment beaucoup traumatisé la mienne parce qu’il est parti de l’autre côté. Et malheureusement, les parents qui perdent un enfant, on ne s'en remet jamais, il faut le savoir", raconte-t-elle, sur le plateau de Vivement Dimanche, en 2022. Mais comme le souligne Jérôme Palazzolo, le deuil d'un enfant dépend aussi des circonstances dans lesquelles celui-ci est parti.

Patrick Chesnais, Romy Schneider… Quand la mort frappe sans prévenir

Si certaines personnalités vivent aux côtés d'un enfant malade, à l'image de France Gall et sa fille Pauline et ou de Michel Fugain et sa fille Laurette, d'autres n'ont pas véritablement le temps de se préparer au départ de leur progéniture. C'est ce que vit Romy Schneider, lorsqu'elle perd son fils David, à la suite d'un terrible accident, le 5 juillet 1981. "Jamais les murs de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, pourtant habitués à tant de souffrances non tues, n’oublieront le cri de mort et d’épouvante mêlées qui s’échappe alors de ce cœur de mère", décrit Bernard Pascuito dans La dernière vie de Romy Schneider (Éd. Rocher), qui précise que, suite à ce drame, l'actrice "a entamé sa propre agonie." Même chose pour Patrick Chesnais, dont le fils Ferdinand perd la vie dans un accident de voiture, le 13 octobre 2006. "Perdre un fils de 20 ans, c'est la catastrophe absolue. Je ne peux pas imaginer pire chagrin", estime le comédien, dans les pages de TV Grandes Chaînes, en juin 2023.

La violence va en effet être plus ou moins intense en fonction des événements. "Pour un enfant dont on sait qu’il souffre d'un cancer et qu'il a 18 mois d'espérance de vie, les parents peuvent éventuellement se préparer ou en tout cas citer les choses. J’aurais même tendance à dire que le processus de deuil commence dès l’annonce de la maladie. Par contre, un enfant qui a un accident brutal, il n’y a aucun moyen de s’y préparer", explique le psychiatre, avant d'ajouter : "La brutalité des événements et l'annonce de ce qui s'est passé va être intolérable pour les parents." Si le chemin peut être semé d'embûches, il n'est toutefois pas impossible de se reconstruire.

Comment se reconstruire après la perte de son enfant

En février 2023, Églantine Émeyé assiste impuissante au décès de fils Samy, polyhandicapé et atteint d'autisme sévère, à l'âge de 17 ans. Après le deuil, vient le chemin de la reconstruction. "Je suis dans un état de reconquête, je fais des projets. Mais je suis entrée dans une phase de deuil où l’absence est plus vive encore. Et la blessure ne guérira pas", confie-t-elle à Gala en février dernier. Après la mort de son fils Sébastien, Patrick Sébastien apprend lui à se "forger une carapace", comme il l’explique, toujours dans Gala, en 2022. "Lorsque mon fils se tue à moto, je suis obligé de transformer ce drame en positif", se justifie-t-il.

Pour Jérôme Palazzolo, il est essentiel d'aller de l'avant. "Ce n’est pas parce qu’il est très difficile de passer au-delà, que toute sa vie on sera triste et effondré, qu’on doit s’interdire d’avancer. L'objectif est justement de ne pas s'interdire d'être heureux", note le psychiatre, qui précise : "Le deuil n’est pas un aspect de dépression. La dépression c'est pathologique, alors que le deuil est un processus normal." D'autant que, comme le souligne ce spécialiste, les autres enfants de la famille n'ont pas à "payer" pour cette tragédie. "C’est un autre être qui n’a rien à voir avec l’être perdu et si on ne l’entend pas de manière intuitive, il faut qu'il y ait un petit travail qui soit fait au niveau psychologique pour vraiment arriver à dissocier les choses. Ils ont déjà leur douleur à porter, c’est important que leurs parents soient là, les soutiennent et essayent de faire que ces enfants soient le plus heureux possible", conclut-il. Et si une fois passé le deuil, une autre vie était possible ?

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Crédits photos : BEST IMAGE / Montage Gala.fr

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