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Jacques Audiard: « Le cinéma, c'est des idées »

Sarah Merlino | à 21h23 - Mis à jour le sam. 24 mai 2014 à 17h54

Jacques Audiard: « Le cinéma, c'est des idées »

Un Master Class consacré au réalisateur français a eu lieu au palais des Festivals vendredi. L'entretien, mené par le journaliste Michel Ciment, a duré deux heures, devant un parterre d'étudiants en cinéma et de passionnés.

M.C: Comment choisissez-vous vos acteurs?

Jacques Audiard: Je ne peux pas penser à des comédiens quand j’écris, je ne veux pas trop enfermer la chose dans des façons de jouer. Dans Regarde les hommes tomber, le fait que je choisisse Jean-Louis Trintignant n’est pas un hasard. Le hasard, c’est qu’il ait accepté! Il avait marqué mon adolescence de spectateur, il était le charme masculin incarné. Il a dit non, puis il a dit oui. Le premier jour de travail avec lui se passait dans un algéco, il y avait une prostituée et Jean-Louis devait être sous elle. Jean-Louis voit ça, il traverse le plateau et l’assistant vient me voir en me disant: «J’ai un problème, Jean-Louis ne veut plus faire le film!». Je trouve ça effarant d’abord. Ensuite, je me souviens de moi lui parlant et lui me regardant, je ne sais plus ce que je lui ai dit, ça a duré trente minutes. À la fin, il l’a fait. Pour le choix de Matthieu Kassovitz qui venait de faire Métisse, mais n’avait pas encore tourné La haine, quand on fait les essais avec lui, il est éblouissant. J’ai adoré travaillé avec lui. Quant à Jean Yanne, je ne sais plus comment ça s’est fait. C’était un film très difficile finalement avec les comédiens. Je me suis senti contraint. Ce qui n’était pas le cas pour Un héros très discret, pour lequel j’ai eu beaucoup de plaisir.

M.C.: Dans Le Prophète vous tournez avec un acteur confirmé, Niels Arelstrup, et un jeune acteur, Tahar Rahim, pour un cinéma de genre, celui de la prison. Pourquoi ?

J.A.: Je ne me dis pas «Je vais faire un film de genre », ça vient de mon goût pour ça, le genre noir. C’est une sociologie spécifique. Et là, je n’en peux plus du casting à la française. Parce qu’il y a très peu de rapport entre la rue que je traverse en sortant de chez moi et le cinéma. Pourquoi tous ces gens, les maghrébins, les blacks, n’ont pas une dimension héroïque? De là, tout un projet s’est mis en place. Faire entrer des visages que je ne connais pas dans la grande forme du cinéma, c’était cohérent.

M.C.: Comment vous vient l’inspiration?

J.A.: Les scénarios me prennent beaucoup de temps. J’ai mis quatre ans à écrire Sur mes lèvres. Je n’en suis pas fier! Ce sont les humeurs, les lectures, ce qui va tomber dans la bonne case à un moment donné. C’est assez progressif. Avec Sur mes lèvres, j’ai compris que je répondais à une nécessité de créer une liberté.

M.C.: Comment filmer la violence et l’amour?

J.A.: Ce sont deux moments de cinéma où on sait que c’est faux, où le cinéma ment. La violence, je la déteste, c’est répugnant. J’ai l’impression de transgresser quelque chose quand je filme ça.

M.C : Le cinéma, ce sont des envies?

J.A.: Ce sont des idées!

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