Jafar Panahi est un réalisateur iranien né en 1960. Réalisateur de sept longs métrages régulièrement primés dans les festivals internationaux depuis le début de sa carrière, il est sous le coup d’une condamnation de la République islamique d’Iran depuis 2010 : six ans de prison et vingt ans d’interdiction de filmer ou de prendre la parole en public.
Peu après la Révolution de 1979, il étudie au collège de cinéma et de télévision de Téhéran. Au début des années, 1990, il travaille avec le célèbre cinéaste Abbas Kiarostami (palme d’or en 1997 pour Le Goût de la cerise, entre autres) sur le long métrage Au travers des oliviers. Son premier long métrage, Le Ballon blanc, remporte la caméra d’or au Festival de Cannes 1995. Puis le documentaire Le Miroir obtient le léopard d’or au Festival de Locarno en 1997 ; la fiction Le Cercle lui permet d’accrocher en 2000 le lion d’or de Venise à son impressionnant palmarès ; enfin, pour parfaire ce grand chelem, le drame social Sang et Or obtient le prix du jury de la sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2003.
C’est alors que les ennuis vont commencer pour Jafar Panahi. Le durcissement du régime iranien, suite à l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, va avoir des conséquences dramatiques pour l’expression de son art. S’interrogeant sur le sort des femmes de son pays dans Hors jeu (2006), ours d’argent à la Berlinale, il s’attire les foudres du pouvoir, ce que ne va pas arranger son engagement politique, notamment suite à l’élection controversée de 2009. En 2010, le pouvoir lui interdit de se rendre à la Berlinale et il est arrêté et détenu pendant deux mois, malgré les vives protestations internationales et la mobilisation de la grande famille du cinéma : son film L’Accordéon, alors tourné au tiers, ne verra jamais le jour.
Interdit de filmer, ce qu’il ressent comme une interdiction de vivre, il réalise en 2011 dans le plus grand secret le film-documentaire Ceci n’est pas un film. Le film, exfiltré du pays dans une clef USB cachée dans un gâteau, est diffusé au Festival de Cannes en 2011. En 2013, il récidive avec Pardé (Closed curtain) coréalisé avec Kambuzia Partovi, qui obtient à nouveau l’ours d’argent à la Berlinale. Toujours assigné à résidence, Jafar Panahi a toutefois pu s’adresser au public via Skype en juillet 2013, lors du Festival du film Karlovy Vary, en République Tchèque.